Que faut-il penser du "nouveau" cancer associé aux implants mammaires ?

22 juillet 2016

Le 6 juillet 2016, l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) a fait un nouveau point sur le Lymphome Anaplasique à Grandes Cellules Associé aux Implants Mammaires (LAGC-AIM). 

Cinq ans après la première publication de la Food and Drug Administration (FDA américaine) sur ce "nouveau cancer" lié aux implants mammaires, que sait-on, quel est le risque, et comment surveiller ses seins ? 

Petit rappel historique

En 2011, la FDA fait sa première communication publique sur le LAGC-AIM, à partir d'une revue de la littérature scientifique et recense 60 cas mondiaux, pour 5 à 10 millions de femmes porteuses d'implants mammaires. Le premier cas officiel a été décrit en 1997. 

En mars 2014, l'Institut National du Cancer (INCA) publie des recommandations sur la surveillance des femmes porteuses d'implants.

Le 27 mars 2015, l'ANSM fait pour la France le premier communiqué officiel, et rapporte 19 cas sur 400 000 femmes porteuses de prothèses mammaires esthétiques ou de reconstruction. Dans le même temps, l'INCA fait un point très précis sur les connaissances validées du LAGC-AIM.

Le 20 janvier 2016, la FDA recense entre 100 et 250 cas confirmés dans le monde. Elle ne recommande pas le retrait préventif des implants, informe sur les signes devant faire consulter, et recommande un suivi médical tous les 2 ans. Ces recommandations sont comparables à celles de l'ANSM et de l'INCA.

De quoi s'agit-il ?

Le lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC) est un cancer rare, de la famille des lymphomes non hodgkiniens. Le nombre de cas dans la population générale (sans implants) est de 1 pour 3 millions.

Les cas de LAGC associés aux implants mammaires (LAGC-AIM) sont de 1 pour 500 000 femmes. 10 nouveaux cas seraient déclarés par an dans le monde.

Connaît on la cause ?

On ne sait pas ce qui déclenche la maladie au contact d'un implant : thèse génétique et thèse microbienne sont à l'étude.

On sait par contre que presque tous les cas ont été observés avec des implants texturés (macrotexture, microtexture, polyuréthane), la texture étant le caractère rugueux de l'enveloppe.

Les implants Allergan sont ils plus dangereux ?

L'ANSM dans son communiqué du 6 juillet, précise que les implants de la marque Allergan, sont "surreprésentés" parmi les cas de LAGC-AIM en France (40%). L'explication peut venir d'une utilisation plus fréquente de cette marque. Toutes les autres marques d'implants ont également été retrouvées parmi les cas de lymphome.

Quels sont les signes d'alerte ?

Un épanchement du sein récidivant est un signe très fréquemment retrouvé. L'épanchement est une accumulation d'eau autour de la prothèse, qui se traduit par un gros sein, tendu et parfois douloureux (comme une montée de lait). Il s'agit le plus souvent d'un incident bénin après un effort physique inhabituel, qui va disparaître avec du repos. Mais ce gonflement impose tout de même de consulter son chirurgien pour en être sûr.

Plus rarement, c'est une coque (sein dur), une boule, une rougeur ou une douleur, tout signe inhabituel, qui nécessite de consulter.

Comment surveiller ses seins ?

Une surveillance régulière est nécessaire. Pour ma part, je vous conseille de faire une échographie tous les 3 ans, pour vérifier l'intégrité des implants. A partir de 50 ans, la mammographie est utile tous les 2 ans pour le dépistage du cancer du sein (mais pas pour vérifier le tenue des implants). Dans l'intervalle, il faut consulter son chirurgien pour tout élément inhabituel.

Existe-t-il d'autres solutions ?

Puisque la rugosité de l'enveloppe des implants semble en cause, on peut utiliser des implants lisses... mais ronds ! Les implants anatomiques (utilisés chez les patientes minces avec de très petits seins) doivent avoir une enveloppe rugueuse pour faciliter l'accroche et éviter leur déplacement. Les implants ronds peuvent aussi donner de jolis résultats si on ne les choisit pas trop gros, et s'ils sont placés derrière le muscle pectoral.

Il reste la solution du transfert de graisse (liposuccion des hanches et réinjection sur les seins), mais il faut beaucoup de graisse... pour une petite augmentation !

Pour conclure...

Le risque de LAGC-AIM est très rare (moins de 200 cas dans le monde pour plusieurs millions de femmes porteuses d'implants esthétiques ou de reconstruction). Aucune marque n'est épargnée par cette complication. La texture rugueuse de l'enveloppe semble être en cause. Il est nécessaire de consulter son chirurgien tous les 3 ans, ou à tout moment en cas de signe anormal (gonflement du sein, douleur, boule).